Power to the people
Alors que, dans toute l’Europe, les ménages croulent sous des factures d’énergie exorbitantes, les CEO des trois plus grosses entreprises du secteur, Engie, EDF et TotalEnergies, sont montés au créneau. Pour annoncer qu’ils allaient reverser leurs surprofits ou qu’ils allaient radicalement diminuer leurs prix? Non. Pour nous inciter à consommer moins d’énergie, à modifier nos comportements... «L’effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte », indiquent en juin 2022 Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Jean-Bernard Levy (EDF) et Catherine MacGregor (Engie). Comme si nos comportements étaient le problème. Comme si, en fait, tout le monde n’avait pas commencé à prendre des mesures radicales, à diminuer la température ambiante et à prendre des douches moins longues par peur des factures impayables. Comme si nous n’avions pas vu que, depuis des mois, ces entreprises engrangent des bénéfices faramineux.
Les déclarations fortes s’enchaînent. «Le marché est hors de contrôle», explique le Premier ministre Alexander De Croo, qui nous prévient par la même occasion que les «cinq à dix» prochains hivers seront difficiles. «Ce système de marché ne fonctionne plus», déclare pour sa part la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Pourtant, le marché fait précisément ce qu’on peut attendre d’un marché libre. Quelques grandes entreprises deviennent scandaleusement riches en raison des prix extravagants qu’elles peuvent facturer à leurs clients totalement désemparés. Les ménages dont le contrat a été revu cet été ou cet automne paient jusqu’à 9 000 euros par an. C’est comme si des milliards d’euros allaient directement dans les poches des actionnaires des géants de l’énergie. Dans les manuels d’économie, on appelle cela «maximiser la valeur actionnariale». C’est la seule et ultime mission de tout CEO.
Ce que nous connaissons actuellement est en totale contradiction avec ce que ces mêmes partis gouvernementaux et ces mêmes CEO nous avaient promis au début du siècle, lorsque le marché de l’énergie a été libéralisé. La libéralisation est intervenue sous la pression de l’Union européenne mais, en Belgique, ils la voulaient avec une telle impatience qu’ils n’ont même pas attendu la date fixée par l’Europe. Le processus n’était pas assez rapide à leur goût. C’est Elio Di Rupo, alors vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, qui a élaboré en 1998 le premier projet d’ouverture du marché belge de l’énergie.
En 1999, libéraux, socialistes et verts sous le gouvernement Verhofstadt décidaient « d’accélérer la libéralisation pour faire profiter les consommateurs de tarifs plus bas et d’un meilleur service ». Précisons qu’à l’époque, c’est bien toute la classe politique belge qui est euphorique.
Le paradis libéral est devenu un enfer
Le marché libre devait permettre aux consommateurs de choisir entre plusieurs entreprises. Celles-ci étaient censées nous offrir réductions et bas tarifs à foison. En outre, elles devaient investir massivement dans une énergie verte bon marché et fermer à court terme toutes les centrales vieillissantes et polluantes. Un paradis de l’énergie en quelque sorte. Quelques années plus tard, ce paradis ressemble à s’y méprendre à ces brochures sur papier glacé proposant des vacances à des prix défiant toute concurrence: de magnifiques photos d’un hôtel chic mais, à l’arrivée, vous vous retrouvez dans un immeuble décrépi à proximité d’une autoroute, avec une piscine de la taille d’un dé à coudre. Dès l’ouverture du marché pour les particuliers, en 2006, Le Soir avertissait: «Le courant sera souvent plus cher.» Un an plus tard, le même quotidien est encore plus catégorique: «Le marché énergétique est en panne.» Partout en Europe, les journaux font un constat similaire. En effet, le marché a fait précisément ce que le marché capitaliste fait toujours. Les gros ont avalé les petits. Quand il n’est plus resté que quelques mastodontes, les prix ont grimpé en flèche.
La classe travailleuse belge en a particulièrement fait les frais. Déjà dans les années 70 et 80 du siècle dernier, les prix de l’énergie avaient été maintenus artificiellement à un niveau élevé. C’était nécessaire pour amortir rapidement nos centrales nucléaires et pour renforcer les entreprises privées belges de l’époque, nous avait-on assuré. Ainsi, nos centrales ne risquaient pas de devenir la proie facile de repreneurs étrangers et, par la suite, les Belges profiteraient de prix moins élevés. Mais, après la libéralisation, les centrales, amorties avec de l’argent public et les factures élevées des citoyens, ont été bradées à un géant français de l’énergie, Engie.
Dès le début, c’était l’objectif visé par la libéralisation. La réforme avait été entreprise à la demande de la Table ronde des industriels européens. Et cette demande n’était pas tombée du ciel. La libéralisation du marché de l’énergie a été testée dans un premier temps au Chili, à l’époque de Pinochet, le dictateur qui, en 1973, a fait assassiner le président démocratiquement élu Allende et qui était le chouchou des économistes néolibéraux. Cela a ensuite été au tour du Royaume-Uni, sous la direction de Margaret Thatcher. Les patrons des multinationales européennes trépignaient eux aussi d’impatience face à la perspective de la libéralisation. «Les entreprises européennes qui veulent conquérir les marchés mondiaux doivent pouvoir se baser sur un grand marché européen», écrivaient-ils dans leur liste de revendications.
Et ces entreprises ont gagné. Electrabel a été reprise par Suez, qui a fusionné avec Gaz de France pour devenir Engie. Eneco, que nous connaissons pour ses éoliennes le long des autoroutes, a été rachetée il y a quelques années par… Mitsubishi. Le constructeur automobile japonais? Oui, celui-là même, mais il s’agit en réalité d’une petite filiale de Mitsubishi, l’un des plus gros conglomérats au monde qui investit dans tout ce qui rapporte.
Jusqu’il y a peu, Luminus et Lampiris étaient également actives dans notre pays. Luminus a été reprise par EDF et Lampiris par TotalEnergies, les deux autres géants français du secteur énergétique. TotalEnergies s’était d’abord appelée Total, puis TotalFina après le rachat de la société belge Petrofina. Le nom de l’entreprise s’était encore allongé en TotalFinaElf après l’absorption d’Elf Aquitaine. Cependant, vu la profusion de fusions et d’acquisitions, ses dirigeants ont décidé de mettre un terme au jeu des noms à rallonge (impossible de caser davantage de lettres sur un panneau publicitaire) pour se limiter à TotalEnergies. Il faut vraiment avoir un abonnement au journal financier L’Écho pour réussir à suivre le feuilleton des changements au sommet du marché de l’énergie.
En tant que clients, comme on nous appelle depuis la libéralisation, il ne nous restait plus qu’à essayer de trouver le meilleur contrat dans cet embrouillamini. Mais, comme personne ne s’y retrouvait, des sites web ont vu le jour pour nous guider. Et là, vous pouvez choisir des contrats aux noms ronflants tels que «cosy flex», «comfy flex», «group flex» ou «smart flex». Choisir un contrat est un véritable jeu de hasard, puisque personne ne sait exactement ce que signifient ces termes. Quand vous commandez une pizza sur votre smartphone, vous avez au moins une petite idée de ce à quoi vous pouvez vous attendre. Et si vous vous êtes trompé, ce n’est pas si grave que ça. Vous ferez mieux la prochaine fois. Dans le cas d’un contrat au nom marketing qui ne veut rien dire, il pourra vous en coûter des centaines d’euros. Et, que votre contrat soit comfy, cosy ou smart, les lampes de votre salon n’en éclaireront pas mieux pour autant. C’est justement en raison de cette confusion que la plupart des gens se contentent de rester chez le fournisseur qu’ils connaissent et, en Belgique, c’est Electrabel, pardon Engie, qui est le leader incontesté du marché. Le résultat, nous le connaissons. La CREG, le régulateur de l’énergie, l’a calculé il y a déjà quelques années. Au cours des dix premières années qui ont suivi la libéralisation, les prix ont doublé. Les belles promesses de l’époque sont restées lettre morte.
Le consommateur trinque, les actionnaires empochent
Aujourd’hui, le marché européen est dominé par sept multinationales: Engie, EDF, E.ON, Iberdrola, ENEL, Vatenfall et RWE. Elles tiennent l’économie et les citoyens dans leurs griffes. Les bénéfices qu’elles réalisent donnent le tournis. Au cours du premier semestre 2022, Engie a fait un bénéfice de pas moins de 3,2 milliards d’euros, soit plus de deux fois le bénéfice enregistré au cours de la même période l’an dernier. En septembre 2022, le service d’études du PTB a calculé qu’Engie réalisera au cours des trois prochaines années au moins 9 milliards d’euros de surprofits, à savoir le bénéfice réalisé en plus du bénéfice normalement enregistré. Au cours du deuxième trimestre, le bénéfice de TotalEnergies a augmenté à 5 milliards d’euros, soit deux fois plus qu’au cours de la même période de l’an dernier. Même l’entreprise russe Gazprom a fait un bénéfice de 41,6 milliards d’euros en six mois, soit son bénéfice le plus élevé de tous les temps, en dépit des sanctions (ou plutôt grâce aux sanctions) touchant la Russie. De l’autre côté de l’océan Atlantique, c’est aussi la fête. Le gaz liquéfié des USA, qui doit remplacer le gaz russe, fait exploser les bénéfices des multinationales américaines. Au cours du deuxième trimestre de 2022, ExxonMobil a fait 18 milliards de bénéfice. «Ces entreprises gagnent plus d’argent que Dieu», a déclaré le président américain Joe Biden. Un seul bateau rempli de gaz liquéfié rapporte actuellement 200 millions de dollars de bénéfices.
Pratiquement aucun pays ne produit autant d’électricité bon marché que la Belgique, grâce aux centrales nucléaires amorties avec de l’argent public ou grâce aux éoliennes financées à l’aide de subsides. Mais la classe travailleuse n’en voit pas le moindre euro. C’est, en gros, de l’argent qui va directement dans les poches des actionnaires puisqu’il n’en coûte pas un euro de plus aux entreprises énergétiques pour produire de l’énergie nucléaire ou aux entreprises gazières pour pomper du gaz. Ce sont des milliards qui viennent s’ajouter aux montagnes de bénéfices des dernières décennies. Le professeur Aviel Verbruggen a calculé que l’industrie pétrolière et gazière a réalisé 2,8 milliards de dollars de bénéfices par jour au cours des 50 dernières années. Chaque jour. Le marché libre est devenu un hold-up, l’un des plus gros de l’histoire. «Le consommateur trinque, le secteur fait la fête», a résumé laconiquement un économiste.
La guerre en Ukraine a exacerbé la situation, mais elle n’est en soi pas la cause de ce fiasco. Les prix étaient déjà en forte hausse avant que les tanks russes ne pénètrent en Ukraine. À l’époque, c’est la reprise soudaine de la pandémie de coronavirus qui avait été pointée du doigt. Auparavant, cela avait été la bulle des certificats verts qui avait fait gonfler la facture de tous les ménages ou encore les centrales nucléaires qui tombaient en panne à cause de problèmes techniques. Rien ne change jamais: des factures chères et des dividendes élevés. Et la véritable cause, c’est la libéralisation car le prix de l’énergie n’a plus alors été basé sur son coût de production, mais sur l’évolution de son cours en bourse.
Les contrats à long terme à prix fixe qui étaient autrefois la norme ont été remplacés par l’achat à court terme en bourse. De ce fait, les prix peuvent augmenter ou diminuer de plusieurs pourcents sur une même journée.
De l’énergie durable? À condition que les profits soient durables
Le marché libéralisé a fait en sorte que nous demeurions dépendants de sources d’énergie polluantes comme le pétrole et le gaz. Pourquoi les géants du secteur de l’énergie investiraient-ils dans les énergies renouvelables à partir du moment où il y a encore tellement de gaz et de pétrole dans le sous-sol? Alors que nous réduisons progressivement notre dépendance à l’égard du gaz russe, nous nous rendons à nouveau dépendants d’autres pays, comme les États-Unis ou le Qatar.
Les géants du secteur de l’énergie possèdent la majorité des centrales et peuvent donc librement fixer les prix et décider où ils investissent. Tant qu’ils touchent le jackpot, peu leur importe d’où ils tirent leurs bénéfices, que ce soit d’une centrale nucléaire, d’une centrale au gaz ou d’une éolienne. Les bénéfices d’aujourd’hui sont les investissements verts de demain, prétendaient les prophètes de la libéralisation. Sinistre plaisanterie. Les bénéfices d’hier ne sont que les dividendes et les bonus des CEO d’aujourd’hui.
Les géants du secteur énergétique disposent de moyens immenses et s’entourent de lobbyistes qui squattent en permanence les bureaux des membres de nos gouvernements. Cela leur confère un pouvoir extraordinaire. L’ONG Friends of the Earth a découvert qu’entre décembre 2019 et mai 2020, les lobbyistes du secteur de l’énergie avaient eu plus de 500 réunions avec la Commission européenne. En d’autres termes, la Commission européenne voit pratiquement tous les jours des représentants des géants de l’énergie.
Nous voyons le résultat de ce travail de lobbying chaque fois que nous avons sous les yeux la faible part d’énergie renouvelable dans notre pays. Patrick Pouyanné, CEO de TotalEnergies, a fait une plaisanterie cynique sur le sujet: «Les actionnaires... ce qu’ils veulent surtout s’assurer, c’est la durabilité de nos dividendes.» Passer trop vite aux énergies renouvelables signifie mettre en péril les futurs dividendes des centrales à gaz, au pétrole et nucléaires. Pour les entreprises énergétiques, cela ne devait donc surtout pas aller trop vite ces dernières années. En 2013, Gérard Mestrallet, le CEO d’Engie de l’époque, a invité quelques-uns de ses collègues à une réunion au musée Magritte de Bruxelles. Entourés des œuvres du peintre surréaliste belge, ils ont décidé de créer un club de lobbying, le Groupe Magritte. Son but: éviter que les autorités européennes ne prennent des mesures en faveur des énergies renouvelables et ne décident d’objectifs climatiques plus ambitieux pour l’Union européenne. Pendant des années, ils ont assailli les politiciens et les médias de scénarios catastrophes concernant les risques de black-out. Toutes les lumières se seraient éteintes en Europe si ne serait-ce qu’une seule mesure avait mis en danger leurs bénéfices. C’était du chantage, et nos gouvernements ont docilement courbé l’échine.
Bien sûr, ces entreprises savent qu’elles devront un jour construire des éoliennes et des parcs à énergie solaire pour ne pas laisser ces marchés à des nouveaux venus et préserver ainsi leurs bénéfices. C’est un véritable casse-tête pour les CEO. Ils veulent retarder autant que possible les investissements dans les énergies renouvelables, mais, s’ils attendent trop longtemps, un concurrent risque de leur souffler cette part de marché. La solution? Exiger des subsides massifs au nom du climat. Le dernier parc éolien offshore construit au large des côtes belges, Seamade, en est un bel exemple. Engie y a investi, aux côtés d’autres géants de l’énergie et de banques. Mais près d’un tiers des investissements provient de subsides publics, mis à disposition par la Banque européenne d’investissement et par le gouvernement wallon. Le gouvernement fédéral a pour sa part garanti un prix d’achat minimum de l’énergie éolienne produite pendant 17 ans, pour éviter que les investisseurs ne perdent de l’argent si les prix de l’électricité venaient à diminuer sur les marchés. Par conséquent, même si l’énergie devenait plus abordable, le client continuerait à payer. C’est ainsi que ça marche pour le moment: les coûts et les risques sont supportés par l’État tandis que les futurs bénéfices disparaissent dans les poches des propriétaires privés. Les subsides publics, eux, sont répercutés sur les factures d’énergie sous forme de taxes environnementales. Les investissements des entreprises privées sont protégés alors que tous les risques sont supportés par les citoyens. Et pourtant, on pousse le cynisme jusqu’à emballer le tout comme si le marché libre allait résoudre tous les problèmes.
Les multinationales se bousculent aussi pour s’approprier les subsides dans un autre domaine. Avec la transition vers les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie est devenu un défi de taille. En ce qui concerne l’énergie, il doit toujours y avoir un équilibre entre la demande et l’offre. Dans le cas de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne, cela peut être problématique. Parfois, le vent souffle trop fort ou il y a trop de soleil, parfois il n’y a pas de vent ou le soleil reste caché pendant des jours derrière les nuages. Même si nous pouvons utiliser des batteries ou régler plus ou moins notre consommation en fonction de la disponibilité, cela n’est pas suffisant. Nous devons pouvoir stocker l’énergie à plus long terme, par exemple pour utiliser en hiver l’énergie produite en été. La technologie la plus prometteuse dans ce domaine consiste à transformer l’énergie en hydrogène. L’hydrogène est une source d’énergie qui peut être facilement stockée et qui peut remplacer le charbon, le gaz ou le pétrole en tant que combustible dans l’industrie lourde. Le principal avantage est qu’il n’émet pas de CO2 à la combustion, uniquement de la vapeur d’eau.
Cette solution miracle attire naturellement l’attention des monopoles énergétiques qui cherchent avant tout à s’approprier les subsides distribués pour mettre au point cette nouvelle technologie. L’Union européenne a l’intention de mettre des milliards d’euros d’argent public à la disposition du secteur privé pour cela. Les géants énergétiques savent aussi que le contrôle de cette nouvelle technologie est crucial pour poursuivre leur domination en Europe, voire dans le reste du monde. La Belgique à elle seule ne génère pas encore assez d’énergie renouvelable pour produire de l’hydrogène vert. Elle se tourne donc vers d’autres régions, plus ensoleillées. La course à l’hydrogène vert, de préférence produit au coût le plus bas, bat son plein et l’Afrique risque une nouvelle fois de devenir une colonie des multinationales européennes désireuses d’exploiter le soleil en tant que matière première.
Si nous suivons une fois de plus la logique des géants énergétiques et des dirigeants européens à leur botte, nous risquons de répéter ce qui s’est passé avec le gaz, le pétrole ou l’énergie nucléaire. Les coûts et les risques seront supportés par le public, tandis que les futurs bénéfices seront privés. L’Europe sera de nouveau dépendante d’une source d’énergie produite en Afrique et au Moyen-Orient, dont la population locale ne profitera en rien parce que tous les bénéfices iront aux multinationales et à une petite élite locale.
La crise actuelle est précisément la conséquence de ce type de pratiques. C’est la faillite totale de la libéralisation qui nous a été imposée il y a vingt ans. Les géants énergétiques ont reporté pendant trop longtemps les investissements dans les énergies renouvelables et nous sommes donc toujours entièrement dépendants du gaz et du pétrole produits ailleurs. De plus, on a temporisé sur l’isolation des bâtiments et on a détricoté les transports publics, ce qui fait que nous consommons encore toujours bien trop de combustibles fossiles.
Nous avons besoin d’un switch qui mette un terme à la dictature des monopoles. Nous avons besoin de factures moins élevées avec des prix stables. Nous avons aussi besoin de toute urgence de plus d’énergies renouvelables, sans que cela donne lieu à une foule de nouvelles taxes sur nos factures.
Un conte de fées danois
L’emprise de ces entreprises et de leur gigantesque machine de lobbying peut-elle être brisée? Oui, c’est possible. Pas besoin de chercher bien loin pour trouver l’inspiration. Au Danemark, par exemple, un pays à peine plus grand que la Belgique et deux fois moins peuplé. Jusque tard dans les années 1990, les perspectives n’y étaient pas bien roses. La majeure partie de l’énergie était produite par des centrales au charbon émettant énormément de CO2. Dans un pays dont la côte fait 7 300 kilomètres et dont de larges pans sont menacés par la montée des eaux. Un quart de siècle plus tard, voilà que le Danemark se classe pratiquement au sommet de l’Union européenne en ce qui concerne les énergies renouvelables. La moitié de l’électricité y est déjà produite par des éoliennes. D’ici 2025, le Danemark sera en mesure de se passer totalement du gaz et du charbon. Aucun autre pays d’Europe n’a réduit ses émissions de gaz à effet de serre aussi rapidement. Cette réussite, les Danois la doivent à un inventeur tenace et à de nombreux autres qui ont suivi son exemple. En 1891, Poul La Cour, fils de paysan, fabrique la toute première éolienne. Il a un rêve: alimenter tout le pays avec de l’énergie éolienne. Pour convaincre ses compatriotes, il écrit un conte, comme c’est la tradition au pays de Hans Christian Andersen. Le héros n’est ni un prince ni une princesse, mais l’énergie éolienne.
Chaque fois que le Danemark a été confronté à une crise énergétique, comme après la Deuxième Guerre mondiale ou pendant la crise pétrolière des années 1970, cette idée a refait surface. Des individus et des petites communautés ont commencé à suivre son exemple. L’énergie éolienne a eu la cote. Elle est devenue à ce point populaire que le gouvernement n’a pu faire autrement que suivre la tendance, surtout à partir des années 1990, quand il est apparu que le charbon entraînait le réchauffement de la planète. Le gouvernement a alors décidé de ne pas céder à la pression du lobby favorable à la libéralisation et de conserver la mainmise sur le principal producteur d’électricité, Ørsted. De la sorte, il a pu imposer un objectif ambitieux à l’entreprise. Dans les années 1990, 85 % de la production d’énergie était «noire» et provenait surtout du charbon. À peine 15 % de l’énergie était verte. Le rapport devait être inversé en une génération. Tous les investissements ont dû aller aux sources d’énergie renouvelable, surtout les parcs éoliens offshore, tandis que les centrales alimentées au charbon ont dû fermer. Le principal atout d’Ørsted réside dans le fait que ce ne sont pas les actionnaires avides, mais les utilisateurs, qui sont au centre des préoccupations. Ørsted a fermé des centrales au charbon rentables, ce à quoi aucun CEO d’une entreprise privée ne songerait le moindre instant. Le choix de l’entreprise publique a donc payé. Naturellement, toutes ces éoliennes ont dû être reliées au réseau d’électricité et il a fallu trouver une solution pour les jours sans vent. C’est une autre entreprise publique, Energinet, qui s’est chargée de cette mission. Elle a investi dans les connexions avec les pays voisins: lorsque le pays produit trop d’énergie éolienne, il l’exporte vers la Suède et la Norvège, où elle est utilisée pour pomper de l’eau et remplir des barrages; et lorsque le vent est faible, les turbines de ces barrages sont actionnées pour renvoyer de l’électricité au Danemark.
L’absence des géants énergétiques présente encore un autre avantage. Les clients des entreprises énergétiques privées sont des particuliers qui pestent contre les factures chères, mais qui sont impuissants à y changer quoi que ce soit. Au Danemark, 60 % des ménages sont raccordés à un système de chauffage collectif. Quand le vent souffle, ce chauffage collectif est directement alimenté par l’électricité des éoliennes. Une partie de l’énergie est même stockée en produisant de l’eau chaude qui pourra être utilisée plus tard. En revanche, si la production éolienne est trop faible, les installations de chauffage collectives prennent le relais et brûlent des pellets ou du biogaz. Elles produisent de la chaleur pour les habitants et de l’électricité qui est injectée sur le réseau. Le gouvernement a supervisé et financé le développement de ce chauffage collectif dans tout le pays. Les habitants n’en tirent que des avantages. Katinka Johansen, chercheuse à l’université de Copenhague, ne tarit pas d’éloges à propos du système: «Le chauffage collectif est bien plus efficace que les chaudières individuelles et consomme 40 % en moins. Puisque les entreprises de chauffage urbain ne visent pas les bénéfices, les économies vont directement au profit des utilisateurs.»
Le choix de ne plus être soumis à la puissance des géants énergétiques présente un dernier point positif. Pour atteindre son objectif, le Danemark a dû produire et installer des éoliennes à une grande échelle. Un défi, mais aussi une chance pour la classe travailleuse. La production et l’installation des éoliennes emploient aujourd’hui 30 000 personnes au Danemark. Le pays produit pratiquement autant d’éoliennes que la Chine. Il est également à la pointe dans le développement d’éoliennes plus puissantes et moins chères. L’inventeur Poul La Cour semble avoir fait de nombreux émules, qui ont voulu diminuer les émissions, réduire les factures d’énergie et créer de bons emplois en nombre. Le contraste avec le chaos engendré par la logique du bénéfice en Belgique ne saurait être plus grand.
Une initiative publique en mer du Nord
La libéralisation du marché européen de l’énergie nous mène droit dans le mur. Un mur contre lequel nous sommes en train de nous écraser avec fracas. Depuis notre Premier ministre Alexander De Croo jusqu’à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, nos politiciens l’admettent aujourd’hui sans langue de bois: le marché ne fonctionne pas. Il ne leur manque que la volonté et l’imagination pour y remédier. C’est pourtant simple. Si les prix de l’énergie étaient basés sur les coûts réels de production, ils n’auraient pas triplé ou quadruplé en quelques mois. En effet, les coûts de la grande majorité des producteurs belges d’énergie n’ont pas augmenté. Seuls leurs bénéfices ont explosé. Le marché libre leur permet de demander jusqu’à dix fois plus pour leur énergie.
Pour faire baisser les prix de l’énergie de manière radicale, pour revenir à un prix fiable et une offre stable, et pour réaliser au plus tôt la transition vers les énergies renouvelables, il n’y a qu’une seule solution: nous devons retirer le secteur de l’énergie des mains des multinationales et le confier au public.
L’énergie est un besoin fondamental. L’éclairage, une cuisinière, le chauffage ou une douche chaude ne sont pas des produits de luxe. L’énergie est également essentielle à notre économie: pour faire tourner les écoles et les hôpitaux, pour faire fonctionner les machines et faire rouler les trains. Tous ces secteurs se trouvent désormais dans une situation problématique en raison de la mauvaise gestion des vingt dernières années. Les gouvernements ont remis notre destin entre les mains d’une poignée de CEO. Or l’énergie est d’un intérêt stratégique pour l’État. C’est plus que jamais le cas du fait de la crise climatique parce qu’une transition rapide mais extrêmement complexe vers les énergies renouvelables est indispensable. L’ensemble des éoliennes et des panneaux solaires doivent être intégrés avec précision dans un nouveau système énergétique qui nous permette de disposer à tout moment de l’année d’une énergie fiable en quantité suffisante. Une planification rigoureuse s’impose pour mener ce défi à bien. Nous ne pouvons confier une telle tâche à des assemblées d’actionnaires et à des spéculateurs boursiers qui n’ont d’yeux que pour un seul chiffre: leur propre bénéfice. Il est temps de dire adieu à ce marché de l’énergie artificiel.
Pour surmonter la crise, nous avons besoin de réseaux énergétiques publics. Depuis le niveau européen jusqu’à l’échelon local, une alternative publique intégrée doit voir le jour de toute urgence. La libéralisation n’a laissé derrière elle que des décombres et nous aurons besoin d’investissements à grande échelle pour faire le ménage. L’histoire nous enseigne qu’en temps de crise majeure, les palliatifs ne suffisent pas. Ce sont de plans ambitieux et audacieux dont nous avons besoin. Et cela exige une réforme radicale de la manière dont nous opérons actuellement. L’exemple danois est certainement une source d’inspiration, mais les Danois sont eux aussi enfermés dans le carcan européen du marché libre. Nous devons oser aller plus loin.
La nationalisation de l’énergie
Dans notre plat pays sur lequel, comme le chantait Brel, vient s’écarteler le vent du nord, c’est le vent qui constitue notre plus grand potentiel. Et, pour en profiter au plus vite, nous devons créer une entreprise énergétique publique nationale. Le long des autoroutes et en mer du Nord, cette entreprise devra investir à plein régime dans de nouvelles éoliennes.
Un pays aussi densément peuplé que la Belgique, au climat changeant, ne pourra bien sûr jamais disposer entièrement des énergies renouvelables nécessaires. C’est pourquoi nous devons travailler avec d’autres pays de la mer du Nord. Avec, entre autres, la société danoise Ørsted, nous pouvons créer un regroupement d’entreprises publiques désireuses de prendre l’initiative d’amener, de stocker et de distribuer dans les différentes régions l’énergie produite en mer du Nord. Soyons aussi ambitieux que les Danois: d’ici 2040, il faut que tous les pays qui bordent la mer du Nord soient indépendants sur le plan énergétique et bénéficient d’un approvisionnement stable et bon marché en énergies renouvelables.
En plus de ce pilier européen, nous avons également besoin d’un réseau dense d’entreprises publiques locales qui exploitent l’énergie solaire et éolienne, et qui travaillent avec des batteries. Ces entreprises existent déjà en Allemagne, où elles s’appellent les Stadtwerke. Elles produisent de l’énergie renouvelable, la distribuent à bas prix aux habitants et aident les ménages à isoler leur logement. Ces Stadtwerke ne sont pas tombées du ciel. En 1998, comme partout en Europe, le secteur allemand de l’énergie a été libéralisé. Les entreprises communales qui existaient à l’époque étaient vouées à disparaître. Elles étaient destinées à se faire écraser sous le poids des géants énergétiques. Or c’est précisément le contraire qui s’est produit. Les habitants des villes et des villages ont vu que les prix commençaient à flamber et ont décidé de dire nein. Et heureusement. Alors que le gouvernement national rendait le pays entièrement dépendant du gaz russe, les Stadtwerke de villes telles que Munich, Berlin et Hambourg constituent aujourd’hui un tampon contre la crise. Les entreprises publiques locales peuvent expérimenter pleinement les possibilités offertes par l’énergie verte: chauffage collectif pour les immeubles à appartements, panneaux solaires, petites éoliennes et même une petite centrale hydroélectrique. Elles peuvent aussi faire en sorte que la chaleur produite dans les zonings industriels ne soit pas perdue et soit distribuée dans les quartiers adjacents. Les entreprises publiques locales peuvent s’inspirer du modèle coopératif, dans lequel la participation est de mise et les bénéfices redistribués de manière équitable.
Pour pouvoir mener à bien ces grands investissements, nous avons besoin d’une banque publique qui lève suffisamment de capitaux. Le système des subsides coûteux aux géants de l’énergie ne fonctionne pas. Et le fait que ces subsides généreux soient répercutés sur les factures, déguisés sous forme de taxes environnementales, n’entraîne que du rejet à l’égard de la transition. Lorsque les actionnaires auront été remplacés par le gouvernement, les prix pourront diminuer. Les habitants et les travailleurs du pays doivent avoir leur mot à dire dans la grande entreprise énergétique publique nationale. Ils doivent pouvoir décider dans quoi il faut investir et à quel rythme. Le contrôle démocratique doit aussi s’appliquer aux tarifs. Les entreprises publiques sont garantes de l’accès universel à l’énergie. Dans une société prospère, il est inadmissible que des ménages ne puissent pas avoir un peu de chaleur parce qu’ils ne parviennent pas à payer leurs factures.
Nous devons aussi envisager le développement de la technologie de l’hydrogène comme une question stratégique. Si nous voulons stocker l’énergie massivement et si nous voulons arriver à une industrie zéro émission, nous ne pourrons nous passer de l’hydrogène. Bien sûr, les monopoles veulent mettre la main sur cette technologie d’avenir. Ils pourraient ainsi perpétuer leur emprise et même l’étendre, avec tous les problèmes sociaux et géostratégiques que cela entraînera. Ce sera l’un des grands défis de l’initiative publique de la mer du Nord. Cela demandera des investissements énormes. Mais pourquoi commettrions-nous de nouveau l’erreur de subventionner des entreprises privées avec de l’argent public, alors que nous savons qu’elles accapareront les bénéfices? Confions à l’État la mission de faire en sorte que notre capacité de stockage soit suffisante et de créer les installations capables de transformer l’énergie éolienne en hydrogène et l’hydrogène en énergie. Nos ports, surtout celui d’Anvers avec de nombreuses entreprises chimiques à forte intensité énergétique implantées à proximité, et aussi le port de Gand avec ArcelorMittal, seront les nœuds de cette nouvelle technologie prometteuse.
Il faut donc de grands parcs éoliens en mer du Nord, un réseau ingénieux de petits producteurs publics et des installations qui transforment l’hydrogène en énergie. Et pour que le tout fonctionne bien, il faut aussi un réseau électrique fiable. De nouvelles lignes devront être mises en place avec les pays étrangers, lignes auxquelles les producteurs locaux devront être connectés pour que la production et la consommation concordent à tout moment.
Le Danemark a compris qu’un gestionnaire de réseau public était indispensable. Tout comme le Danemark, nous devons reprendre le contrôle des gestionnaires de réseau Elia et Fluxys (qui sont deux entreprises cotées en bourse depuis la libéralisation) pour qu’ils puissent parfaitement soutenir la transition énergétique. Cela vaut aussi pour les intercommunales qui gèrent le réseau de distribution au niveau communal. À l’heure actuelle, elles servent surtout à distribuer des mandats permettant aux politiciens d’arrondir leurs fins de mois et se comportent comme des entreprises privées en facturant des prix trop élevés. Les chasseurs de mandats doivent être remplacés par des citoyens qui exercent un véritable contrôle démocratique.
Nous n’arriverons à rien avec, ici et là, une nouvelle petite mesure ou un chèque énergie. Nos ministres pensent que quelques déclarations fortes suffisent. Nous avons vu ce que cela donne dans le dossier de la prolongation des centrales nucléaires: nos ministres s’en vont mendier auprès des CEO d’Engie, pour lesquels la Belgique n’est rien de plus qu’un territoire conquis. Pourquoi s’en tiendraient-ils aux règles du jeu, à partir du moment où ils ont le pouvoir de plonger tout le pays dans le noir et disposent d’une machine de lobbying et d’une armée d’avocats contre lesquelles aucun gouvernement ne peut rien? Il est vraiment naïf d’espérer que Total laisse le pétrole et le gaz dormir dans le sous-sol alors qu’il s’agit de sources de méga-bénéfices, pratiquement intarissables. Ils ne le feront que s’ils n’ont pas d’autre choix. Ce ne sont pas les règles du jeu qu’il faut changer. Nous devons tout simplement cesser de jouer à ce jeu qui dure depuis bien trop longtemps et qui est devenu une guerre d’usure pour nous. Nous avons besoin d’autres joueurs et d’autres règles. C’est le switch auquel nous ne pouvons plus nous soustraire.
L’énergie est trop importante pour être laissée aux caprices d’une poignée de CEO et à l’avidité des actionnaires. L’énergie doit nous appartenir, être publique, être aux mains de la collectivité et être placée sous le contrôle de cette même collectivité, depuis la production jusqu’à la distribution en passant par le stockage, de l’échelon local à l’échelon international. Ce qu’il faut, c’est la nationalisation du secteur de l’énergie, solution radicale mais indispensable pour atteindre deux objectifs essentiels: une énergie meilleur marché et une énergie verte.
Les rapports alarmants sur le changement climatique nous avaient déjà démontré tout cela et l’actuelle crise énergétique nous confronte brutalement aux faits. Nous devons nous réapproprier les infrastructures des géants énergétiques. Quand elles seront de nouveau publiques, nous pourrons, comme le Danemark, décider à quel rythme nous voulons fermer les centrales polluantes. Nous le déterminerons en fonction des besoins, aussi bien sur les plans du climat que de l’approvisionnement. Plus vite nous développerons des alternatives, plus vite nous pourrons nous passer de l’énergie polluante. Les coûts du démantèlement doivent être payés par les pollueurs du passé, ces géants énergétiques qui ont empoché tant de milliards. Pourquoi devrions-nous subventionner la construction de nouvelles centrales au gaz ou parcs éoliens pour en céder par la suite la gestion et le contrôle? En tant que propriétaires, nous pouvons fixer nous-mêmes le prix de l’énergie produite. Nous n’avons pas besoin de spéculateurs en bourse pour cela. Les pays européens qui achètent encore de grandes quantités de gaz dans le cadre de contrats à long terme, et qui se passent des bourses, voient les avantages. Ils paient quatre fois moins que les pays qui laissent tout aux mains du marché.
Ce sont des politiciens qui, il y a vingt ans, ont créé le marché artificiel de l’énergie dans un nuage d’euphorie néolibérale. La toute-puissance des monopoles privés est la conséquence de choix politiques. L’avantage des choix politiques est qu’ils peuvent être changés. Les Stadtwerke allemandes sont nées du combat mené par des personnes qui ont fait du porte-à-porte pour recueillir des signatures sur des pétitions et qui ont obtenu gain de cause contre l’avis des politiciens au pouvoir. Ce mouvement allemand veut à présent aller plus loin et placer aussi les géants énergétiques sous le contrôle de la société. En France, les syndicats exigent la suppression du marché de l’énergie libéralisé en Europe. Dans notre pays, nous voyons naître une grande coalition de syndicats et de mouvements écologistes et citoyens qui visent le même but. Ils veulent briser le pouvoir des monopoles et faire de l’énergie un secteur public. C’est une idée qui gagne en popularité dans toute l’Europe. Même au Royaume-Uni, près des trois quarts des électeurs conservateurs sont favorables à une telle nationalisation. Face à une telle unanimité, les géants du secteur de l’énergie ne peuvent rien, même s’ils se barricadent dans le musée Magritte. L’énergie au peuple – power to the people – , c’est donner le pouvoir au peuple de décider de l’avenir de notre énergie et de notre climat, qu’on choisisse le soir la lueur d’une chandelle ou un éclairage d’ambiance, qu’on réchauffe son souper au micro-ondes ou qu’on cuisine un grand repas sur sa cuisinière au gaz, qu’on se sente bien avec 19 ou avec 20 degrés. Ce ne sont pas des décisions qui peuvent être prises dans les bureaux de direction d’Engie et de TotalEnergies. Leur règne a suffisamment duré. Leurs comptes en banque sont suffisamment garnis. Nous nous retrouvons avec les dégâts qu’ils ont commis. À eux de payer les pots cassés. C’est à nous tous, ensemble, de décider de ce que nous voulons pour l’avenir.